Comment lever les barrières au financement des organisations agro-alimentaires dans les pays du Sud

Biotan

Dans les pays du Sud, le financement des activités agricoles représente un défi majeur, souvent sous-estimé.

Par Johan Thuard, chargé de partenariats Afrique de l’Ouest

Dans les pays du Sud, le financement des activités agricoles représente un défi majeur, souvent sous-estimé. Selon ISF Advisors, seulement 34% des 160 milliards de dollars nécessaires chaque année pour soutenir les 220 000 petites et moyennes entreprises agricoles en Asie du Sud-Est et en Afrique sub-saharienne, sont couverts par des financements formels [1]. Ce manque de financement crée un déficit annuel de 106 milliards de dollars, avec des conséquences graves sur le dynamisme du secteur. Notamment sa capacité à relever les défis de sécurité alimentaire, de création d’emplois et de baisse de vulnérabilité pour les 1,3 milliards de personnes qui dépendent de l’agriculture dans ces régions [2].

Ce déficit est colossal ; pour mieux en comprendre l’ampleur, il équivaut presque aux 113 milliards de dollars alloués aux énergies fossiles par les principales banques de l’Union européenne en 2023 [3]. Cette situation critique ne pourra pas être résolue par le seul marché.

Mais qu’est ce qui explique un tel déficit ? A la SIDI, à travers notre expérience d’investisseur solidaire actif depuis plus de 40 ans, nous cherchons à éclaircir cette question. Pour contexte, la SIDI finance des coopératives et des PME agro-alimentaires dans les pays du sud. Ces organisations travaillent avec des petits producteurs en soutien d’une agriculture familiale, tant en amont — en facilitant leur production et leur transition vers une agriculture durable — qu’en aval – en développant des débouchés à travers la transformation et la commercialisation des productions agricoles.

Nous identifions trois barrières majeures qui entravent la mobilisation de financement par les organisations agricoles : des problèmes d’identification, de préparation, et un déséquilibre entre le risque et la rentabilité des transactions. Les barrières touchent particulièrement les organisations de plus petite taille, ou celles qui sont moins matures. Ces organisations se retrouvent dans le « missing middle », , tout en étant pas non plus adaptées aux exigences de financeurs formels (banques commerciales, financeurs internationaux, bailleurs, etc.).

Cet article se penche sur ces trois barrières, en se concentrant spécifiquement sur le financement en dette, et propose des solutions pour les surmonter.

Mieux s’identifier entre organisations agro-alimentaires et financeurs

Pour les organisations agro-alimentaires, notamment celles peu expérimentées dans la mobilisation de fonds, il peut être difficile de déterminer quels financeurs solliciter tant l’écosystème est fragmenté. Chaque financeur a ses propres priorités stratégiques, critères d’investissements, zones d’opérations, qui peuvent être très spécifiques et peu lisibles à l’externe.

De même, pour les internationaux, identifier de nouvelles opportunités non encore financées par d’autres acteurs peut s’avérer complexe, surtout lorsqu’il s’agit d’organisations qui ne sont pas membres de réseaux d’entrepreneuriat ou qui opèrent dans des zones reculées.

Trouver de nouvelles opportunités de financement nécessite une connaissance approfondie du tissu économique local. Cela représente un défi pour les chargés d’investissement car les zones à couvrir sont vastes. Pour illustrer, à la SIDI chaque chargé d’investissement s’occupe de trois à quatre pays ; approfondir la connaissance des acteurs locaux se fait donc graduellement, dans la durée.

Pour enrichir notre compréhension du terrain, nous collaborons régulièrement avec des organisations alliées, qu’elles soient locales ou non. Par exemple, la SIDI investit dans des fonds locaux de I&P, tel que SINERGI au Burkina Faso, qui se concentrent principalement sur les filières agricoles. Nous avons également établi un partenariat avec la coopérative Ethiquable pour financer et appuyer certaines de leurs coopératives fournisseuses, et entretenons des liens étroits avec des organisations spécialisées dans les chaines de valeur agricoles, comme Nitidæ. En parallèle, nous renforçons notre présence locale avec l’ouverture de deux bureaux à Lomé et Kampala, depuis lesquels nous conduisons une grande partie de notre activité en Afrique subsaharienne.

Le défi de la préparation à la mobilisation de fonds

La mobilisation de fonds est un processus complexe qui demande des ressources et des compétences spécifiques. Parfois, un écart existe entre les prérequis que peuvent avoir des financeurs pour valider une transaction et la capacité d’organisations locales à y répondre. Cet écart devient particulièrement problématique lorsqu’il touche aux fondamentaux – opérations, impact sociaux et environnementaux (en particulier pour les financeurs à impact), finances,  équipe, marché, ou encore fiabilité des données.

Il est fréquent que les coopératives et PME en développement ne soient pas équipées pour répondre à ces attentes. Cela est particulièrement vrai pour les organisations ayant une croissance organique et qui manquent d’une équipe de gestion étoffée. On remarque aussi que ces organisations peuvent avoir du mal à identifier elles-mêmes leurs points d’amélioration, ni n’arrivent à les surmonter seules.

Pour pallier ces insuffisances, il est important pour les organisations d’avoir accès à des accompagnements spécifiques en vue de leur préparation au financement. C’est dans ce cadre que l’offre de la SIDI, qui combine financement et accompagnement, prend toute sa valeur. A partir du diagnostic d’un chargé d’investissement, la SIDI peut non seulement proposer un financement, mais aussi de l’accompagnement sur mesure en fonction des besoins de l’organisation. La SIDI travaille notamment avec plusieurs facilités dont la Fondation ACTES, le programme SSNUP et la facilité AT du fonds FEFISOL II pour subvenir aux besoins d’accompagnement d’organisations, qu’elles soient des prospects ou déjà partenaires.

Il existe aussi des programmes de préparation à l’investissement qui vont renforcer les fondamentaux tout en soutenant les organisations dans la préparation de leur demande de financement – analyse de marché, création de business plans ou autres documents destinés aux investisseurs. Certains vont aussi faire de la prospection et mettre en lien organisations et financeurs. Ces programmes sont nombreux, souvent financés par des bailleurs et mis en œuvre par des cabinets de conseil. A titre d’exemple citons, les programmes Activ’Invest au Sénégal, Invest Salone en Sierra Leone, ou le cabinet CrossBoundary qui aide des entreprises agroalimentaires dans leur levée de fonds dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne.

Le déséquilibre entre risque et rentabilité du financement de filières agricoles

Une étude menée par Dalberg sur 3 500 prêts accordés à des PME agroalimentaires par des financeurs internationaux révèle que la moitié des prêts entre 250 000 et 500 000 euros ne sont pas rentables.

L’une des principales raisons de ce déséquilibre est le coût du risque, qui est élevé et ne cesse d’augmenter. On observe notamment de plus en plus de tensions sur les productions agricoles du fait de leur exposition croissante aux dérèglements climatiques. Par ailleurs, les organisations agroalimentaires opèrent souvent sur des marchés où l’offre et la demande de produits ne sont pas systématiquement corrélées. Ainsi certaines filières connaissent des crises cycliques qui mettent les opérateurs sous tension et augmentent le risque de défaut.

Ce risque crispe le marché qui se concentre alors sur certains segments bien définis :

  • Organisations avec un profil de risque moins élevé, généralement des organisations plus matures, plus grosses, avec un historique de financement solide et/ou pouvant offrir des garanties
  • Financements de court terme, souvent sous forme de fonds de roulement, au lieu de prêt moyen terme pour le financement d’équipements ou investissements
  • Tickets de financement élevés afin de couvrir les coûts de transaction

En conséquence, le marché reste relativement statique, avec un nombre limité d’organisations déjà connues du secteur et financées, et peu d’ouverture vers de nouveaux partenariats.

Pour un financeur comme la SIDI, dont la mission est d’être additionnel, notamment en intervenant comme premier investisseur  international auprès de certains partenaires, la gestion de ce risque est un enjeu essentiel. Cela se fait à travers plusieurs approches : d’une part, la diversification du portefeuille sur différents secteurs (tels que la microfinance et l’agriculture) ainsi que sur des organisations plus ou moins matures;  d’autre part, le modèle économique de la SIDI lui permet une plus grande prise de risque, du fait de son actionnariat philanthropique et d’accès à certains outils de garantie.

Ces éléments sont essentiels pour « intervenir là où d’autres ne vont pas » et ainsi soutenir des organisations, filières, régions à haut risque. Cela nous donne également la possibilité de financer des organisations particulièrement risquées et/ou de ne pas être rentable sur certaines transactions lorsque cela est justifié par une forte additionnalité et un impact social ou environnemental important. De cette expérience, il ressort la nécessité d’avoir accès à des mécanismes de garantie ou des subventions pour que les financeurs puissent être plus additionnels, avoir plus d’impact et ainsi rendre le secteur plus dynamique.

Des solutions efficaces existent déjà, à commencer par le programme Programme Aceli actif en Afrique de l’Est. Ce programme dédié au financement du secteur agricole offre aux financeurs des subventions pour alléger les coûts de transaction, et des garanties pour réduire le coût du risque. L’intérêt de ce programme réside aussi dans sa capacité à minimiser les distorsions de marché tout en incitant les financeurs à soutenir les entreprises les moins bien desservies :  les aides ne couvrent qu’une partie des coûts, et sont plus importantes pour les entreprises qui n’ont jamais mobilisé de fonds institutionnels ou ayant un impact social ou environnemental plus élevé. C’est le genre d’exemple qui mériterait d’être mieux étudié et répliqué dans d’autres régions tant il a prouvé son efficacité.

Dans un contexte où la vulnérabilité des producteurs et les enjeux de sécurité alimentaire sont de plus en plus pressants, il est crucial d’œuvrer à réduire les barrières au financement des organisations agro-alimentaires dans les pays du Sud. Au-delà de poser quelques pistes de réflexion, cet article se veut une invitation à tous ceux qui souhaitent collaborer et développer des solutions concrètes en faveur d’un secteur plus dynamique, socialement plus juste et écologiquement plus durable.

Johan Thuard, chargé de partenariats Afrique de l’Ouest

 

[1] ISF Advisors, The state of the agri-SME sector – Bridging the finance gap, 2022

[2] ISF Advisors estime que cela concerne 260 millions de ménages – ~1,3 milliard de personnes – considérant l’agriculture familiale comme une partie intégrante de leurs moyens de subsistance en Asie du Sud-Est et en Afrique sub-saharienne

[3] Banking on Climate Finance Chaos, Fossil Fuel Finance Report, 2024

Nouveau rapport social et environnemental 2023 de FEFISOL II

Couverture report s e 2023 fefisol ii copie pages to jpg 0001

FEFISOL II est un fonds d'investissement solidaire dédié au financement de la microfinance rurale et des petites exploitations agricoles familiales africaines.

Lancé en 2022 par la SIDI et Alterfin, géré par Inpulse Investment Manager, le fonds FEFISOL II a financé depuis sa création 40 partenaires situés dans 16 pays d’Afrique pour 33 millions d’euros.

Les équipes de la SIDI, d’Alterfin et d’Inpulse sont fières de présenter les résultats cette seconde année d’activité de FEFISOL II, qui sont encore une fois alignés avec la forte mission sociale et environnementale du fonds :

  • Un ciblage 100% Afrique et pays fragiles, avec une présence très poussée dans les zones rurales
  • Une portée de plus de 2 millions de bénéficiaires finaux, dont 61% de femmes
  • Un soutien adapté aux besoins des partenaires sur le terrain, avec des projets d’accompagnement axés sur la performance sociale et environnementale
  • Des organisations partenaires engagées pour l’inclusion financière des plus pauvres, la création de valeur ajoutée locale et la promotion d’une agriculture durable.

Plongez-vous dans les détails de l’activité du fonds en 2023, ainsi que dans les résultats de ses partenaires, et venez découvrir des témoignages inspirants du terrain dans ce nouveau rapport social et environnemental.

Découvrez le rapport social et environnemental 2023 de la SIDI

Couverture Rapport social et environnemental 2023

Chaque année, la SIDI publie son rapport social et environnemental ; il restitue tout le travail de mesure de l'impact de l'activité de la SIDI ainsi que de celle de ses partenaires

En 2023, la SIDI a célébré ses 40 ans d’engagement en faveur de la finance solidaire et de la transition écologique et sociale. Tout au long de l’année, l’organisation a poursuivi sa mission de soutenir les acteurs économiques locaux dans les régions les plus vulnérables du monde, en maximisant son impact social et environnemental à travers une approche centrée sur l’additionnalité et l’accompagnement de partenaires diversifiés.

L’additionnalité au cœur de la stratégie d’impact

La SIDI a en effet, grâce à ses ressources solidaires, confirmé son additionnalité par rapport aux investisseurs traditionnels, en continuant à soutenir ses partenaires dans des contextes pays difficiles et dans des régions reculées, peu desservies par le système bancaire. La diversité de ses produits financiers et la grande variété de son offre d’accompagnement ont été cruciales pour s’adapter aux besoins de chaque partenaire et aux réalités du terrain. En outre, l’année 2023 a été marquée par le développement de nouveaux partenariats cruciaux, comme celui avec Ethiquable, qui forgeront la valeur ajoutée de la SIDI dans le futur.

Promouvoir l’égalité économique

L’année a été marquée par des résultats significatifs au niveau des partenaires, illustrant les effets concrets des stratégies de la SIDI sur les territoires où elle intervient. Le premier objectif de la SIDI, promouvoir l’égalité économique, a permis de soutenir des organisations qui créent des emplois formels et stables, particulièrement dans les zones rurales où l’accès aux financements et aux marchés reste un défi majeur. Les coopératives agricoles et les entreprises locales ont joué un rôle crucial en améliorant la sécurité alimentaire, et en offrant des opportunités de transformation locale, ajoutant ainsi de la valeur aux productions agricoles.

Favoriser la réduction de la pauvreté

En ce qui concerne la réduction de la pauvreté, la SIDI a renforcé ses actions en faveur de l’inclusion financière des populations les plus démunies. En collaborant avec des IMF ciblant des populations vulnérables, la SIDI a facilité l’accès à des services financiers adaptés, tels que des microcrédits et des produits d’épargne, qui sont essentiels pour améliorer les conditions de vie et l’autonomisation économique des femmes et des habitants des zones rurales. En 2023, le nombre de bénéficiaires finaux a atteint 10 millions de personnes, dont 52 % sont des femmes et 42 % vivent en milieu rural, témoignant de l’impact de ces initiatives.

Soutenir l’atténuation et l’adaptation au changement climatique

Parallèlement, la SIDI a continué de soutenir l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, un pilier essentiel de sa stratégie de développement. Les efforts de développement de la finance verte ont été renforcés, notamment par le financement de projets d’énergie renouvelable et l’accompagnement des partenaires dans la mise en œuvre de pratiques agricoles durables. Ces initiatives visent à contribuer non seulement à réduire les émissions de gaz à effet de serre de nos partenaires, mais aussi à augmenter la résilience des communautés face aux impacts du changement climatique.

En somme, les résultats de la SIDI pour l’année 2023 montrent un engagement fort et une capacité d’adaptation constante aux défis du développement durable. Alors que la SIDI entre dans sa cinquième décennie, elle reste déterminée à poursuivre cette mission avec la même passion et le même dévouement, en cherchant toujours à maximiser son impact social et environnemental en combinant soutiens financiers et assistances techniques, pour construire un monde plus équitable et durable.

L’IMF ALIDé, nouveau partenaire de la SIDI au Bénin.

Image de présentation article alidé

La SIDI est ravie de partager son nouveau partenariat avec ALIDé (Association de Lutte pour la promotion des Initiatives de Développement), une institution de microfinance béninoise.

Le développement de la SIDI en Afrique de l’Ouest

Le déploiement de la SIDI au Bénin entre dans sa stratégie de développement. L’ouverture d’un bureau régional de la SIDI à Lomé au Togo en 2023 renforce la proximité avec ses partenaires en Afrique de l’Ouest et facilite la création de nouveaux partenariats. Cette proximité géographique permet davantage de souplesse pour la réalisation des missions, dont celles de prospection. C’est dans le cadre d’une de ces missions au Bénin que la SIDI a tissé des liens avec ALIDé, débouchant aujourd’hui sur ce nouveau partenariat.

ALIDé, un partenaire aligné avec la SIDI, dans un contexte béninois difficile

Grâce à ses 17 points de services, dont 10 agences et ses 85 agents, l’Institution de microfinance ALIDé œuvre à améliorer les conditions de vie des populations vulnérables et à faible revenu sur toute l’étendue du territoire béninois. Créé en 2006, ALIDé dessert à ce jour environ 50 000 clients, en proposant des services financiers essentiels. Cela leur permet de réaliser des projets tant personnels que professionnels.

En 2022, ALIDé a renforcé ses engagements sociaux autour de valeurs fortes dans le cadre de la révision de sa stratégie sociale. L’engagement principal concerne les femmes, avec l’objectif de les soutenir davantage pour favoriser leur inclusion sociale et économique. Des indicateurs clairs et mesurables ont été définis à cet effet.

L’Association accompagne des projets dans différents secteurs, dont l’agriculture, par des services non-financiers et des produits financiers dédiés. Une ambition que la SIDI soutient, dans un contexte général d’aggravation de risques dans le secteur agricole et d’une situation économique impactée par des fortes décisions politiques au niveau local depuis 2023. En effet, les évolutions de la situation politico-économique au Bénin sont marquées par une timide reprise des transactions commerciales avec le Niger (80% du transit sur le port de Cotonou provient du Niger) malgré la décision prise par les pays membres de la CEDEAO, dont le Bénin de reprendre les échanges commerciaux avec le Niger et la réouverture des frontières avec ce pays. En outre, en 2023, l’intervention de l’État dans la fixation des prix dans certaines filières comme le soja a quelque peu impacté le bon déroulement de la campagne pour certains producteurs d’ALIDé

Ainsi, le travail d’ALIDé est essentiel à la fois comme financeur et surtout comme conseiller pour garantir la continuité des activités de ses membres dans un environnement en perpétuel changement.

Les objectifs du partenariat

Le partenariat entre la SIDI et ALIDé aura une double dimension conformément à la stratégie de la SIDI : apport financier et accompagnement technique. Plusieurs domaines d’intervention et axes d’accompagnement ont été identifiés pour appuyer le développement des activités et la finalisation de son processus de digitalisation amorcé depuis 2018. Ces domaines seront définis et prioriser de commun accord entre l’association et la SIDI.

Ce partenariat permet ainsi à ALIDé d’augmenter sa capacité de financement à moyen terme. En même temps, il marque le retour des activités de la SIDI au Bénin, où celle-ci ne comptait plus de partenariat actif en fin d’année 2023. La SIDI s’inscrivant toujours dans des partenariats de long terme, entend poursuivre son déploiement dans ce pays, en appuyant des acteurs engagés dans la réalisation de leur mission sociale comme ALIDé.

Mieux comprendre comment Abakundakawa, coopérative de café rwandaise, contribue à changer la vie de ses membres

Productrice de café de la coopérative abakundakawa

La SIDI contribue au Farmer Thriving Index pour évaluer l'impact des coopératives sur les petits producteurs de café rwandais. L'étude révèle les effets positifs de la coopérative Abakundakawa sur les conditions de vie et les pratiques agricoles de ses membres.

Le Farmer Thriving Index, une nouvelle initiative visant à mieux évaluer les changements dans la vie des petits producteurs agricoles.

Le Farmer Thriving Index (FTI), ou Indice de Prospérité des Agriculteurs, a été créé par 60Decibels, entreprise spécialisée dans la mesure d’impact social. Le FTI est une évaluation visant à mieux comprendre les changements apportés par les coopératives à leurs membres, tels qu’ils sont perçus par les petits producteurs agricoles eux-mêmes. Il prend en compte plusieurs dimensions du bien-être économique, social et environnemental, permettant ainsi de fournir une évaluation globale de leur qualité de vie et de la durabilité de leurs activités.

En Afrique de l’Est, le FTI s’est intéressé spécifiquement aux petits producteurs de café. Pour cela, un groupe témoin est interviewé formé de 1026 petits producteurs qui ne sont affiliés à aucune coopérative ou entreprise agricole.  Leurs situations et leurs réponses sont ensuite comparées à celles des producteurs de café membres de coopératives.

La SIDI a contribué à cette étude en cofinançant, avec notre partenaire Aceli Africa, et avec la fondation ACTES, l’évaluation de la situation des petits producteurs de café membres d’Abakundakawa, coopérative située au nord du Rwanda dans les régions pauvres de Rushashi et de Minazi. En tout, 282 fournisseurs d’Abakundakawa ont été interrogés dans le but de mieux comprendre leur situation et les effets de l’appartenance à la coopérative sur leur vie.

Abakundakawa, une coopérative rwandaise soutenue depuis plus de dix ans par la SIDI

Abakundakawa est une organisation de producteurs créée en 1999 sur l’initiative de 367 producteurs de café rwandais dans le but de mieux valoriser leur production. Dès le début, l’organisation s’est dédiée à l’achat et à la transformation de cerises de café arabica en café vert de haute qualité pour la commercialisation à l’international.

Depuis 25 ans, Abakundakawa n’a cessé de se développer et compte aujourd’hui plus de 2100 membres actifs, dont 44% de femmes, 23 employés permanents et 175 employés saisonniers. Elle exporte près de 19 conteneurs de café chaque année. Les activités d’Abakundakawa répondent à une mission sociale forte. En effet, l’amélioration du niveau de vie de ses membres est au cœur de l’activité de la coopérative. Pour remplir cet objectif, elle pratique des prix d’achat supérieurs au prix minimum fixé par le gouvernement. L’organisation est notamment certifiée Commerce Équitable depuis 2005 et a ainsi pu augmenter son impact sur le développement social et local à travers des projets d’adduction d’eau, d’amélioration des dessertes agricoles, de paiement des mutuelles de santé, etc.

L’étude décrit des producteurs aux conditions de vies particulièrement fragiles

Les producteurs ayant répondu à l’enquête sont pour deux tiers des hommes, propriétaires de leurs terres, âgés de 48 ans en moyenne. Les familles sont grandes et très peu éduquées ; pour 37%, l’école primaire est le niveau d’éducation le plus élevé dans la famille. Ils possèdent en moyenne un terrain de 2,7 hectares, dont 44% est consacré à la culture de l’arabica pour l’export, le reste aux cultures de pois, de maïs et de bananes.  Pour la moitié des interrogés, la production de café est leur source principale de revenu. L’évaluation de leurs comportements montrent que 60% des interrogés ont des revenus inférieurs au « Living Income Reference Value », une estimation du montant minimal nécessaire pour vivre de façon décente dans la région. Cependant, presque tous les fermiers interrogés souhaitent continuer à produire du café et espèrent que leurs enfants le feront également.

Ce qu’Abakundakawa apporte à ses producteurs

La coopérative s’efforce de fidéliser ses membres grâce à des formations régulières dispensées par des agronomes et des agents de terrain : 71% sont en contact régulier avec ces agents, qu’ils rencontrent trois fois par an en médiane. D’ailleurs, les pratiques agricoles des interviewés sont globalement plus vertueuses que celles du groupe témoin, puisque tous mettent en place des bonnes pratiques agricoles et deux tiers font de l’agroforesterie. Abakundakawa facilite l’accès à des outils adaptés (houe, scie, sécateurs) ainsi qu’à des vaches pour promouvoir la fertilisation naturelle des parcelles. Elle mène également des actions spécifiques en faveur des jeunes et des femmes, et propose un service d’épargne. Grâce à ce dernier, 53% des répondants déclarent épargner chaque mois, comparé à seulement 25% des producteurs du groupe témoin.

Ces actions sont les principaux moteurs de la très bonne satisfaction des fournisseurs concernant la coopérative, qui obtient un excellent résultat sur le Net Promoteur Score, un indicateur qui compare le nombre de promoteurs d’une organisation (c’est-à-dire le nombre de personnes qui recommanderaient cette organisation à leurs proches) au nombre de détracteurs (personnes qui ne recommanderaient pas l’organisation à leurs proches). Abakundakawa obtient un très bon score (NPS de 51), gage de la forte satisfaction et loyauté de ses membres.

Ceux-ci témoignent notamment :

« Ils nous apprennent à faire du café, à faire du compost, à pailler, à tailler, à désherber et à rénover le champ. Toutes ces choses que nous enseigne la coopérative sont très importantes pour un cultivateur de café, car elles lui permettent d’améliorer ses méthodes de culture de manière professionnelle. Je pense que c’est quelque chose d’unique que notre coopérative possède et qui peut être bénéfique à tous les producteurs de café. »
Femme, 61 ans

« J’apprécie la façon dont ils valorisent leurs membres et proposent des formations afin que nous puissions améliorer la quantité et la qualité de nos produits. Ils offrent également des primes et fournissent des vaches pour l’élevage afin que nous puissions obtenir facilement du fumier. »
Femme, 62 ans

Comme dans la majorité des enquêtes de satisfaction liées à la fourniture de services, le seul sujet d’insatisfaction reste le prix payé, en l’occurrence ici pour le café. 62% des interrogés sont ainsi insatisfaits des prix payés par Abakundakawa. Cependant 62% déclarent également avoir réalisé un profit sur la dernière récolte, et la moitié d’entre eux ont remarqué une amélioration par rapport à l’année dernière en termes de revenus reçus.  En effet, Abakundakawa paie un prix supérieur à celui du marché et les primes issues des certifications bio et commerce équitable permettent en outre le paiement d’un bonus en fin de campagne.

Conscients des apports cruciaux fournis par la coopérative, 80% des interrogés prévoient donc de continuer à investir et développer leur production de café. Il y a fort à parier qu’ils continueront longtemps à fournir Abakundakawa en café équitable d’excellente qualité.

Le rapport d’activité 2023 de la SIDI est en ligne

Couv RA SIDI 2023 fr

2023 a été une année très spéciale pour la SIDI : nous avons fêté 40 ans d’existence.

  • 40 ans que la SIDI met la finance au service des acteurs du développement économique local dans les pays du Sud
  • 40 ans que la SIDI finance et accompagne des acteurs économiques locaux qui se mobilisent pour améliorer les conditions de vie des populations vulnérables et favoriser des pratiques écologiques vertueuses.
  • 40 ans d’un modèle d’intervention innovant qui repose sur le principe d’une chaine de solidarité financière, reliant des citoyens qui veulent donner du sens à leur épargne, aux organisations partenaires et leurs bénéficiaires.

Malgré les crises multi-factorielles qui se combinent, la SIDI parvient à mener sa mission en plaçant l’additionnalité au cœur de sa stratégie d’impact, et en travaillant sur trois grands objectifs de mission :

  • Promouvoir l’égalité économique
  • Favoriser la réduction de la pauvreté
  • Soutenir la lutte contre le changement climatique

Continuons ensemble à investir pour une transition juste.

Excellente nouvelle pour le fonds FEFISOL II

Photo usaidxprosperafricaxfefisol 2024

La SIDI a le plaisir d’annoncer que USAID – l’agence des Etats-Unis pour le développement international – et Prosper Africa – l’initiative du gouvernement américain pour les échanges et les investissements avec les pays africains – ont approuvé une subvention pour FEFISOL II afin d’aider le fonds à mitiger le risque de change sur son portefeuille en monnaie locale.

FEFISOL II est le fonds d’investissement soutenu par la SIDI et l’investisseur belge Alterfin. Géré par la société de gestion Inpulse Investment Manager, FEFISOL II est dédié au financement d’institutions de microfinance rurales africaines et d’entités agricoles s’approvisionnant auprès de petits producteurs en Afrique.

FEFISOL II est un fonds à forte additionnalité dédié à l’Afrique subsaharienne, ciblant les régions les plus pauvres et les plus inégalitaires, souvent jugées trop risquées par les investisseurs traditionnels. Il vise à soutenir les populations vulnérables, en particulier les femmes et les populations des zones rurales, en finançant des institutions de microfinance afin d’améliorer l’inclusion financière, de réduire la pauvreté et de créer des emplois. Le fonds soutient également les petites entités agricoles afin de renforcer les chaînes de valeur agricoles et d’améliorer la sécurité alimentaire. FEFISOL II offre des produits de dette flexibles pour répondre à divers besoins financiers et fournit une assistance technique pour renforcer les capacités organisationnelles et soutenir la transition écologique et sociale de ses partenaires.

Cette subvention fournie par l’USAID et Prosper Africa permettra au fonds de continuer à développer son portefeuille microfinance en Afrique et de soutenir la levée de fonds pour le troisième et dernier closing, qui permettra d’atteindre une taille de fonds de 30 millions d’euros. Avec cette subvention, l’USAID, Prosper Africa et FEFISOL II visent à améliorer les échanges, l’investissement et l’environnement des affaires sur le continent africain en renforçant les chaînes de valeur agricoles, en créant des emplois ruraux, en soutenant les filières locales à valeur ajoutée, en réduisant la vulnérabilité au changement climatique et, en fin de compte, en contribuant au développement durable du continent.

La contribution de l’USAID et de Prosper Africa complète d’autres mécanismes de “blending” sécurisés par le fonds en 2023 avec la Société de financement du développement international des États-Unis DFC  et le programme Aceli Africa. Compte tenu de l’amplification et de la superposition des risques en Afrique, il est essentiel de s’appuyer sur de tels mécanismes de partage des risques pour un fonds dédié au financement de la microfinance rurale et des organisations de petits producteurs.

Hommage à Bernard Pinaud

52315 les ateliers participatifs du ccfd terre solidaire 2017 019 sarah cnudde ccfd terre solidaire

Hommage à Bernard Pinaud, ancien DG du CCFD-Terre Solidaire

La SIDI vient d’apprendre avec beaucoup de tristesse le décès de Bernard Pinaud. Nos pensées vont d’abord à sa famille et ses proches. 

Bernard fut le Directeur général du CCFD-Terre Solidaire de 2010 à 2019, l’ONG fondatrice de la SIDI, qu’il avait rejoint en 1992 comme responsable du service Amérique Latine.  

Avec son amour pour l’autre, sa solidarité avec les sociétés civiles et son regard critique sur le monde et toujours aux côtés des partenaires du CCFD-Terre Solidaire, il fut aussi un compagnon de route de la SIDI.  Il participa notamment à la création du premier fonds de finance solidaire pour l’Afrique, FEFISOL en 2011. Bernard fut un soutien sans faille de la SIDI. 

Sur un plan plus personnel : en juillet 2016, j’ai eu le plaisir en tant que Chargé de mission Asie du CCFD-Terre Solidaire d’emmener Bernard en mission au Timor Oriental où plusieurs partenaires travaillent sur l’agroécologie, l’éducation à la permaculture, ou encore le suivi critique des politiques publiques de cette jeune république indépendante. Ce fut un voyage inoubliable où je voyais de mes propres yeux la proximité de Bernard avec les jeunes timorais en formation agricole, et où il n’hésitait pas de prendre la houe pour labourer le sol à côté d’eux.

L’enthousiasme de Bernard, sa croyance profonde dans l’humanité et dans sa capacité de changer le monde, constitueront toujours une boussole dans notre action envers les plus pauvres et les exclus au Sud.  

Que la paix soit avec lui. 

Pour la SIDI, 

Nicolas Heeren, Gérant 

 

 

Témoignage à l’assemblée générale de la SIDI : résilience et impact social de la Financiera FDL

présentation Julio Flores AG SIDI

A l'occasion de son Assemblée générale, la SIDI a invité Julio Flores, directeur général de la Financiera FDL.

Cette année, l’assemblée générale fut l’occasion pour la SIDI d’inviter l’un de ses partenaires à témoigner. Julio Flores, directeur général de la Financiera FDL, est venu présenter l’activité de cette institution de microfinance (IMF) qui œuvre au Nicaragua, 2ème pays le plus pauvre d’Amérique centrale.

Les échanges fructueux entre Julio Flores et les actionnaires de la SIDI se sont également poursuivis le lendemain matin, lors d’une session questions – réponses. Ce temps a permis d’entrer plus en détails dans l’activité de FFDL et de sa formidable capacité de résilience face aux crises.

L’ONG Fondo de Desarrollo Local (FDL), est créée en 1993 par les Jésuites, à la suite de la guerre civile. L’objectif de FDL est d’améliorer les conditions de vie des Nicaraguayens les plus vulnérables en leur fournissant des prêts, des formations et des services d’accompagnement pour les aider à développer leur activité et alors que les banques ne s’intéressent pas à ce public. Financiera FDL est devenue la première IMF du pays et une des plus importantes d’Amérique centrale. L’institution cible principalement les personnes à faible revenu, les agriculteurs, éleveurs et micro-entrepreneurs en milieu périurbain. Grâce à 38 agences, la Financiera dispose d’un maillage territorial important, lui permettant de réaliser 70% de ses crédits en zone rurale, auprès de populations ayant peu d’accès aux crédits.

 

La Financiera FDL et sa résilience face aux crises.

L’essor de FDL a été ralenti une première fois par la crise de 2008 à 2011. En plus de la crise économique mondiale, un mouvement politique anti IMF « Movimiento del no pago » (mouvement de non-paiement), s’est développé. Il a conduit à la baisse du nombre de clients et des défauts de paiements dans le secteur de la microfinance. FDL, malgré une baisse du portefeuille et des clients d’environ 50%, a réussi à se restructurer, avant de créer, en parallèle de l’ONG, la société financière Financiera FDL (FFDL) en 2016. Pour structurer cette société financière, FDL a choisi « des partenaires internationaux partageant sa vision ». C’est ainsi que la SIDI est entrée au capital comme actionnaire minoritaire.

Une seconde crise a touché le pays de 2018 à 2021. Le conflit politico social (répression meurtrière par le régime autoritaire) et l’instabilité économique ont provoqué une contraction du PIB pendant trois ans. Des migrations massives (10% de la population a fui le pays) ont été causées par la persécution contre la société civile, dont l’Église. Le nombre de clients de FFDL a chuté. Cette récession et la baisse de l’activité ont été aggravées par la crise Covid. Plusieurs IMF ont fait faillite, tandis que le portefeuille de FFDL a de nouveau diminué de 50% (plus de 6 millions de dollars de pertes en 2018 et 2019)

Pour s’en sortir, FFDL a surmonté plusieurs enjeux : le renouvellement de sa clientèle, la consolidation de son portefeuille et la constitution de réserves. Pour l’appuyer, la SIDI a participé à la recapitalisation de FFDL et fait un prêt subordonné à 5 ans (encours total de plus de 1,7 M€ en 2023). Cette seconde prise de participation porte à 4,4% la part de la SIDI dans le capital de FFDL. Fort du soutien de ses actionnaires internationaux, FFDL a pu négocier avec les bailleurs de fonds qu’ils maintiennent les lignes de crédit.

FFDL a réalisé un redressement spectaculaire. Le portefeuille est en croissance depuis la fin de la crise, avec une prévision de +12% en 2024, ce qui va permettre de recouvrir les 6 millions de dollars de pertes enregistrées ces dernières années. Tout ceci a été rendu possible grâce également au sérieux de la gestion et au savoir-faire de la direction de l’entreprise.

 

FFDL une IMF à fort impact social et environnemental.

Le Nicaragua est un des pays les plus exposés au changement climatique. L’économie repose en partie sur l’élevage bovin (54% des terres agricoles) et le taux de déforestation est le second plus élevé d’Amérique centrale. Ces activités sont fortement polluantes et destructrices, alors que de graves sécheresses réduisent les rendements agricoles de 20 à 40%.

L’IMF a développé depuis des années une offre d’accompagnement très complète à la transition agroécologique, à destination des producteurs et éleveurs. L’accompagnement des producteurs aux pratiques agroécologiques porte sur des thèmes comme la gestion de l’eau ou l’arboriculture combinée à l’élevage. Cette assistance technique est prise en charge partiellement ou intégralement par FFDL selon le niveau de vie des clients.

Afin d’améliorer les revenus des producteurs et de réduire la pauvreté, FFDL soutient la transformation des produits, tels que le conditionnement du café pour l’exportation. Cette transformation de la matière première sur place par les producteurs permet de créer de la valeur ajoutée, de diminuer le nombre d’intermédiaires et ainsi, de vendre leur production à un prix supérieur, garantissant ainsi de meilleurs revenus aux producteurs locaux.

FFDL cherche à maximiser son impact et les résultats sont là. Selon une enquête indépendante en partie financée par la SIDI, en 2023, plus de 60% des clients de FFDL déclarent ressentir une amélioration de leur niveau de vie. La structure adapte ses prêts en montant et en durée selon les besoins des clients. Elle octroie des prêts de 14 mois en moyenne (pour les commerçants et les entreprises) jusqu’à 36 mois pour les activités agricoles. Cela a valu à FFDL d’être récompensée par le Microfinance Index en 2023. (voir l’article sur ce sujet).

FFDL fait preuve d’une résilience impressionnante, tout en maintenant une forte dimension sociale et environnementale, avec une priorité sur l’inclusion financière en zone rurale et la protection de l’environnement.

Pour Julio Flores, « bien que la SIDI soit un actionnaire minoritaire, elle est très présente dans les moments importants de FFDL. La participation active de la SIDI à la gouvernance de FFDL avec l’implication d’un consultant bénévole (au sein de son Conseil d’Administration) est déterminante ».