NUTRI’ZAZA : une entreprise engagée contre la malnutrition

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[chapeau]Dans un pays où la malnutrition infantile touche encore un enfant en bas-âge sur deux, Nutri’zaza offre un moyen pérenne de lutter contre ce fléau en commercialisant un produit local, efficace et accessible à tous. [/chapeau]

A Madagascar, la sécurité alimentaire reste encore très fragile. Les enfants sont particulièrement exposés, on estime en effet qu’un enfant de moins de 5 ans sur deux souffre de malnutrition chronique (ESD, 2008-2009). Moins visible que la malnutrition aiguë, caractéristique des crises alimentaires, la malnutrition chronique provoque pourtant un retard du développement de l’enfant et fragilise sa santé. Les séquelles sont irréversibles après l’âge de deux ans, et la malnutrition chronique est l’une des principales causes de mortalité chez l’enfant en bas âge. En cause : la qualité insuffisante de l’alimentation des jeunes enfants (pratiques d’allaitement et alimentation ne couvrant pas les besoins essentiels, aliments de complément de mauvaise qualité).

C’est pour faire face de façon pérenne à ce problème que l’entreprise sociale Nutri’zaza a été créée en 2013. Prenant la suite du projet « Nutrimad », lancé une dizaine d’années plus tôt par le Gret, Nutri’zaza distribue aux populations défavorisées un aliment de complément, la Koba Aina, par l’intermédiaire notamment d’un réseau de restaurants pour bébés (hotelin-jazakely) et d’un réseau de vente à domicile. [blockquote noquote=1 float = “right”] En devenant actionnaire fondateur de Nutri’zaza, et en tant qu’actionnaire actif au conseil d’Administration, la SIDI contribue à accompagner cette entreprise dans son développement et à lui donner les moyens d’expérimenter différents modèles afin de pérenniser un service participant fortement au recul de la malnutrition chronique à Madagascar. [/blockquote] Cette farine infantile à haute valeur nutritive apporte les éléments nécessaires à la croissance du nourrisson quand l’allaitement maternel n’est plus suffisant (à partir de 6 mois) et que les repas traditionnels du foyer ne le sont pas encore. La Koba Aina est produite et conditionnée à partir de matières premières malgaches et sur la base d’une formule nutritionnelle développée par le GRET. Le produit est conforme aux standards internationaux de qualité les plus stricts, tant du point de vue nutritionnel que sanitaire. Le produit proposé offre le meilleur rapport qualité prix du marché afin de pouvoir toucher les foyers les plus vulnérables. Nutri’zaza met de plus à disposition de ces familles un espace de contrôle de santé des enfants avec une pesée régulière et assure une surveillance face à la sous-nutrition. Afin de renforcer de son impact sur les populations les plus démunies, Nutri’zaza a aussi développé des partenariats durables avec des associations locales, qu’elle fournit régulièrement en Koba Aina à prix très préférentiels.

Afin de garantir l’équilibre de son modèle économique, Nutri’zaza mise sur la transformation de la Koba Aina en un produit de consommation de masse, destiné et accessible au plus grand nombre notamment au travers du réseau de distribution classique (supermarchés, épiceries de quartier…)

Des nouvelles de l’UCLS à Madagascar

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Un partenariat dans la durée

L’Union des Coopératives Lanzan’ny Sambirano (UCLS) est une Organisation de Producteurs (OP) de fèves de cacao située à Madagascar autour de la vallée du Sambirano près d’Ambanja. Elle a été créée en 2010 par une association, l’ADAPS[i] dont l’objet était de structurer des chaînes de valeur agricole. L’UCLS a donc été institutionnalisée à l’origine par une association de développement local. C’est la chargée des partenariats de la SIDI à Madagascar qui, par sa connaissance du pays et de ses intervenants (ONG du nord notamment l’AFDI[ii]), est entrée en contact avec l’UCLS au moment où la SIDI cherchait à renforcer son engagement en direction de l’agriculture. L’UCLS et Ethiquable[iii] souhaitaient également s’engager dans une relation commerciale de long terme.

Des hauts et des bas mais une poursuite de partenariat

C’est en 2011, que le premier financement de la SIDI a eu lieu, son objet était le pré financement des coopératives membres de l’UCLS afin de leur permettre d’acquérir des fèves de cacao certifiées bio pour pouvoir ensuite les exporter (12,5 tonnes, équivalent à 1/2 container « standard »). Aujourd’hui, les financements de la SIDI permettent à l’UCLS d’exporter près de 250 tonnes par an de fèves de cacao certifiées bio. Ce partenariat n’a pas été linéaire car l’UCLS a subit des ralentissements dans son activité et des détournements, qui ont mené à la suspension des financements de la SIDI en 2016. Mais la SIDI, avec d’autres acteurs, a continué d’appuyer l’Union par de l’accompagnement, notamment le renforcement de la fonction comptable de l’organisation.

Des résultats aujourd’hui

Au-delà des résultats quantitatifs, les volumes passant de 12,5 tonnes de cacao exportées en 2011 à près de 250 tonnes aujourd’hui, l’UCLS a progressé dans son organisation, dans sa portée et dans la fidélisation de ses membres. Elle est passée de 6 coopératives au début de son activité à près de 20 aujourd’hui, entre 300 à 400 producteurs selon les années, qui lui fournissent des quantités croissantes de cacao. La relation est établie et la confiance présente pour que les producteurs approvisionnent régulièrement leurs coopératives (au lieu d’aller vendre à d’autres).

Bien qu’ayant dû faire face aux difficultés évoquées plus haut, l’organisation s’est adaptée aux besoins de ses membres. Elle a réussi à structurer 20 petites coopératives et les a appuyé notamment dans le processus de certification par des agents agricoles de l’Union. En dépit de l’état des infrastructures, l’UCLS parvient à envoyer régulièrement ses containers de cacao pour répondre aux contrats annuels passés avec Ethiquable et Valrhona[iv]. Aujourd’hui, l’UCLS appréhende les campagnes de collecte avec un peu plus de sérénité. Ses ressources de financement de campagnes sont plus diversifiées (autofinancement, financement SIDI, avance acheteur, crédit fournisseur) et plus importantes.

Et des défis

Malgré la situation liée à la pandémie du COVID-19, la SIDI et l’UCLS veulent poursuivre leurs collaborations. L’approche de long terme de la SIDI permet d’aborder certains défis comme le renforcement administratif de la structure sans trop alourdir ses process et ses coûts, l’augmentation des revenus pour les producteurs, l’intégration des plus petits producteurs dans les coopératives, et l’encouragement des jeunes à se lancer dans les exploitations cacaoyères.

Jean-Marie CAVARROC,

Chargé de Partenariats de la SIDI


[i] Association pour le Développement de l’Agriculture et du Paysannat du Sambirano (ADAPS)
[II] Agriculteurs français et développement international (Afdi), association de solidarité internationale qui construit des partenariats entre les mondes agricoles français et ceux des pays en développement.
[III] Ethiquable est une entreprise coopérative française spécialisée dans la vente de produits bio issus du commerce équitable.
[IV] Valrhona est une entreprise de l’agroalimentaire française spécialisée dans la transformation du cacao.