Raymonde Richard et Françoise Michaud, toutes deux administratrices d’ESD (l’association des actionnaires individuels de la SIDI) nous livrent leur témoignage du séjour immersif en Tunisie.
En Tunisie, nous avons participé à une rencontre d’actionnaires de la SIDI venus observer comment leur argent est au service des hommes et mettre les idées généreuses de la SIDI, « soutenir les plus pauvres », en regard de la réalité quotidienne complexe.
Ainsi, la SIDI a permis la rencontre d’une très grande diversité de « partenaires ».
1- En premier lieu une structure, Enda Interarabe, soutenue et accompagnée hier, n’a plus vraiment besoin aujourd’hui de la SIDI, mais continue d’échanger avec elle sur ses pratiques, par exemple lorsqu’elle favorise une formation pour affiner le projet personnel de chacun de ses cadres ou qu’elle pallie l’insuffisance des structures scolaires de la Tunisie, étant ainsi partie prenante du bien commun de ce pays par la diffusion de bonnes pratiques.
Rencontrer l’équipe d’Enda Interarabe fait du bien, et en particulier sa fondatrice madame Essma Ben Hamida, personne rayonnante, qui maintient la philosophie du service des bénéficiaires et démontre que l’argent au service de la vie, c’est réel.
2- Les bénéficiaires finaux, accompagnés par Enda Tamweel, institution de microfinance partenaire de la SIDI, œuvrent dans tous les secteurs de la vie économique. Avec des prêts à très court terme, ils créent leur entreprise.
Telle femme a pu, après la Covid, transformer son entreprise, conserver ses locaux et devenir distributrice de produits de bien-être à base d’aloe vera : « Enda Tamweel m’a réellement suivie et facilité le crédit au fur et à mesure de mes besoins ». Elle en est plus que satisfaite, elle est reconnaissante.
Nous avons rencontré tant d’autres éleveurs de brebis, tisseurs, créateurs de bijoux ou de robes, ou encore la gérante d’un magasin d’informatique, qui en est à son troisième prêt. Elle a créé un emploi, elle se rétribue et prend en charge ses parents. Elle était très fière de nous montrer la nouvelle machine qui facilite son activité informatique, alors qu’elle s’est formée « sur le tas » …
Ces bénéficiaires différents par l’âge, les besoins, l’activité, ont pu s’installer, se développer avec très peu de capitaux, ajoutés à leur courage et à leurs idées. L’exemplarité de l’action de la SIDI séduit.
3- Nous avons découvert, dans le sud de la Tunisie, des entreprises plus importantes. Ces entreprises agricoles, qui commercialisent et exportent des dattes, prennent des risques au service des paysans du désert.
Avec le partenaire Beni Ghreb, l’accueil par l’entrepreneur offre une belle surprise : « Grâce à vous, nous sommes encore là ! » Ce qui signifie, l’entreprise, très familiale, continue de marcher et permet à des hommes et des femmes de vivre de leur travail.
Cent vingt-trois paysans et leur famille vivent dans le milieu difficile du désert alors que la sécheresse continue de faire des ravages…
Dans cette agriculture d’oasis, un accompagnement attentif est nécessaire pour résoudre chaque problème nouveau, qu’il s’agisse de la sécheresse, avec son corollaire crucial de l’alimentation en eau, de la Covid, des nuisances par les insectes, ou de passer en bio plus cher que la chimie. Dans toutes ses étapes, la SIDI n’a pas lâché l’entreprise, jouant une carte de solidarité telle que l’endettement a été transformé en prise de participation au capital de l’entreprise. Ainsi, des dattes de grande qualité de la variété Deglet Nour sont produites et exportées.
Le partenariat avec les paysans permet de transformer le modèle d’irrigation et d’ajouter au pied des palmiers des cultures arbustives, un peu de maraichage et d’élevage, ce qui augmente leur revenu par les dattes.
L’emploi est maintenu pour les hommes qui grimpent dans les arbres plusieurs fois chaque année (pollinisation manuelle, nettoyage, protection contre les nuisibles et récolte) et pour les femmes qui trient, classent, traitent et emballent les dattes…
Ensuite avec le partenaire South Organic, une autre entreprise de commercialisation de dattes bio, c’est la découverte d’une exploitation encore plus technique avec la présence de jeunes femmes ingénieurs, qui permettent une gestion scientifique de l’eau, l’absence d’engrais chimique dans ce verger pilote où tous les producteurs de la région peuvent venir apprendre ces techniques. Là encore de nombreuses personnes sont employées à la production agricole puis au traitement en vue de l’expédition des dattes, travaillant dans l’entreprise souvent depuis plusieurs années et paraissant fières de leur travail.
En conclusion, la Sidi est au service des humains, de l’économie et de la terre. Ici, on préserve l’avenir, avec ceux qui se mettent debout en élevant des moutons, en cousant des robes, en développant l’informatique ou encore en cultivant des dattes. On fait vivre l’espérance…
Et si le mot actionnaire est un mot qui fâche, soyons plutôt fières d’être actionnaire de la SIDI qui met l’argent au service des hommes.
Si d’aventure l’Évangile a du sens pour vous, nous avons trouvé qu’avec la SIDI on actualise la parabole des talents. De l’argent prêté, remboursé et prêté à nouveau…
Raymonde Richard et Françoise Michaud
Membres du conseil d’administration d’ESD, Epargne Solidarité Développement (l’association des actionnaires individuels de la SIDI)