Témoignage à l’assemblée générale de la SIDI : résilience et impact social de la Financiera FDL

présentation Julio Flores AG SIDI

A l'occasion de son Assemblée générale, la SIDI a invité Julio Flores, directeur général de la Financiera FDL.

Cette année, l’assemblée générale fut l’occasion pour la SIDI d’inviter l’un de ses partenaires à témoigner. Julio Flores, directeur général de la Financiera FDL, est venu présenter l’activité de cette institution de microfinance (IMF) qui œuvre au Nicaragua, 2ème pays le plus pauvre d’Amérique centrale.

Les échanges fructueux entre Julio Flores et les actionnaires de la SIDI se sont également poursuivis le lendemain matin, lors d’une session questions – réponses. Ce temps a permis d’entrer plus en détails dans l’activité de FFDL et de sa formidable capacité de résilience face aux crises.

L’ONG Fondo de Desarrollo Local (FDL), est créée en 1993 par les Jésuites, à la suite de la guerre civile. L’objectif de FDL est d’améliorer les conditions de vie des Nicaraguayens les plus vulnérables en leur fournissant des prêts, des formations et des services d’accompagnement pour les aider à développer leur activité et alors que les banques ne s’intéressent pas à ce public. Financiera FDL est devenue la première IMF du pays et une des plus importantes d’Amérique centrale. L’institution cible principalement les personnes à faible revenu, les agriculteurs, éleveurs et micro-entrepreneurs en milieu périurbain. Grâce à 38 agences, la Financiera dispose d’un maillage territorial important, lui permettant de réaliser 70% de ses crédits en zone rurale, auprès de populations ayant peu d’accès aux crédits.

 

La Financiera FDL et sa résilience face aux crises.

L’essor de FDL a été ralenti une première fois par la crise de 2008 à 2011. En plus de la crise économique mondiale, un mouvement politique anti IMF « Movimiento del no pago » (mouvement de non-paiement), s’est développé. Il a conduit à la baisse du nombre de clients et des défauts de paiements dans le secteur de la microfinance. FDL, malgré une baisse du portefeuille et des clients d’environ 50%, a réussi à se restructurer, avant de créer, en parallèle de l’ONG, la société financière Financiera FDL (FFDL) en 2016. Pour structurer cette société financière, FDL a choisi « des partenaires internationaux partageant sa vision ». C’est ainsi que la SIDI est entrée au capital comme actionnaire minoritaire.

Une seconde crise a touché le pays de 2018 à 2021. Le conflit politico social (répression meurtrière par le régime autoritaire) et l’instabilité économique ont provoqué une contraction du PIB pendant trois ans. Des migrations massives (10% de la population a fui le pays) ont été causées par la persécution contre la société civile, dont l’Église. Le nombre de clients de FFDL a chuté. Cette récession et la baisse de l’activité ont été aggravées par la crise Covid. Plusieurs IMF ont fait faillite, tandis que le portefeuille de FFDL a de nouveau diminué de 50% (plus de 6 millions de dollars de pertes en 2018 et 2019)

Pour s’en sortir, FFDL a surmonté plusieurs enjeux : le renouvellement de sa clientèle, la consolidation de son portefeuille et la constitution de réserves. Pour l’appuyer, la SIDI a participé à la recapitalisation de FFDL et fait un prêt subordonné à 5 ans (encours total de plus de 1,7 M€ en 2023). Cette seconde prise de participation porte à 4,4% la part de la SIDI dans le capital de FFDL. Fort du soutien de ses actionnaires internationaux, FFDL a pu négocier avec les bailleurs de fonds qu’ils maintiennent les lignes de crédit.

FFDL a réalisé un redressement spectaculaire. Le portefeuille est en croissance depuis la fin de la crise, avec une prévision de +12% en 2024, ce qui va permettre de recouvrir les 6 millions de dollars de pertes enregistrées ces dernières années. Tout ceci a été rendu possible grâce également au sérieux de la gestion et au savoir-faire de la direction de l’entreprise.

 

FFDL une IMF à fort impact social et environnemental.

Le Nicaragua est un des pays les plus exposés au changement climatique. L’économie repose en partie sur l’élevage bovin (54% des terres agricoles) et le taux de déforestation est le second plus élevé d’Amérique centrale. Ces activités sont fortement polluantes et destructrices, alors que de graves sécheresses réduisent les rendements agricoles de 20 à 40%.

L’IMF a développé depuis des années une offre d’accompagnement très complète à la transition agroécologique, à destination des producteurs et éleveurs. L’accompagnement des producteurs aux pratiques agroécologiques porte sur des thèmes comme la gestion de l’eau ou l’arboriculture combinée à l’élevage. Cette assistance technique est prise en charge partiellement ou intégralement par FFDL selon le niveau de vie des clients.

Afin d’améliorer les revenus des producteurs et de réduire la pauvreté, FFDL soutient la transformation des produits, tels que le conditionnement du café pour l’exportation. Cette transformation de la matière première sur place par les producteurs permet de créer de la valeur ajoutée, de diminuer le nombre d’intermédiaires et ainsi, de vendre leur production à un prix supérieur, garantissant ainsi de meilleurs revenus aux producteurs locaux.

FFDL cherche à maximiser son impact et les résultats sont là. Selon une enquête indépendante en partie financée par la SIDI, en 2023, plus de 60% des clients de FFDL déclarent ressentir une amélioration de leur niveau de vie. La structure adapte ses prêts en montant et en durée selon les besoins des clients. Elle octroie des prêts de 14 mois en moyenne (pour les commerçants et les entreprises) jusqu’à 36 mois pour les activités agricoles. Cela a valu à FFDL d’être récompensée par le Microfinance Index en 2023. (voir l’article sur ce sujet).

FFDL fait preuve d’une résilience impressionnante, tout en maintenant une forte dimension sociale et environnementale, avec une priorité sur l’inclusion financière en zone rurale et la protection de l’environnement.

Pour Julio Flores, « bien que la SIDI soit un actionnaire minoritaire, elle est très présente dans les moments importants de FFDL. La participation active de la SIDI à la gouvernance de FFDL avec l’implication d’un consultant bénévole (au sein de son Conseil d’Administration) est déterminante ».

Découvrez le rapport d’activités 2021 de la SIDI

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Le rapport d’activités 2021 est en ligne !

L’année 2021 a encore été très marquée par les effets de la pandémie de Covid19, mais saluons l’engagement de chacun qui a permis à la SIDI de poursuivre sa mission d’investisseur solidaire au service de l’inclusion financière et économique des populations exclues des systèmes financiers conventionnels.

Découvrez les performances et réalisations de la SIDI et des organisations partenaires, toutes engagées dans une démarche de transition écologique et sociale. Consciente des besoins importants qui persistent en financement comme en accompagnement, la SIDI reste toute entière mobilisée pour répondre aux enjeux qui se posent de façon toujours plus aigüe aux populations les plus vulnérables.

Gardons notre cap et notre ambition en faveur d’une finance solidaire !

 

 

 

 

Voir le webinaire sur l’accompagnement des partenaires

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[chapeau]Vous pouvez voir ou revoir cette nouvelle édition du webinaire Les Témoins en Actes sur l’accompagnement, pilier de la mission d’investisseur solidaire.[/chapeau]

Le webinaire accueillait Abdou-Rasmané OUEDRAOGO, directeur général de l’Union des Baoré Tradition d’Epargne et de Crédit (UBTEC). L’UBTEC est une institution de microfinance qui œuvre essentiellement en milieu rural dans la région du Nord du Burkina Faso, en zone sahélienne, tout en maintenant un fort ancrage paysan par le fait de sa création émanant de la principale fédération paysanne du Burkina.

Son directeur général est venu témoigner, en dialogue avec le chargé de partenariat de la SIDI, sur la relation tissée avec la SIDI en vue de l’accompagnement des paysans à la Transition Ecologique et Sociale. L’appui de la Fondation ACTES a permis de financer et d’accompagner les pratiques agro-écologiques des membres de l’UBTEC.

 

Le bilan du plan stratégique de la SIDI dévoilé

Ce numéro des Carnets de la SIDI est entièrement consacré aux principales conclusions de l’analyse du plan stratégique 2017-2021 de la SIDI.

Ce travail d’analyse a été mené en commun par l’équipe et les instances, mais également par une enquête approfondie auprès des partenaires, qui ont été invités à juger de manière anonyme les réalisations de l’équipe durant ces cinq années, ce qui a permis à la SIDI de disposer d’un miroir exigeant sur son action.

En effet, la SIDI se doit d’être objective sur les effets de sa mission, ce d’autant plus qu’elle met en œuvre une solidarité financière rendue possible par l’engagement conscient de ses parties prenantes. Raison pour laquelle la SIDI analyse honnêtement et en toute transparence son appui aux partenaires, en plus de vérifier que cette analyse corresponde bien à leur perception.

Ce Carnet permet de prendre la mesure de tout le travail réalisé, en particulier en faveur de la Transition Ecologique et Sociale (TES). Ces cinq années témoignent en effet de ce qu’elle est, pour nos partenaires, une question fondamentale pour se préparer aux chocs écologiques actuels comme futurs.

Bonne lecture !

 

page de garde carnet n°15

Cliquer sur l’image pour consulter le Carnet

Webinaire : L’accompagnement des partenaires

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[chapeau]Pour renforcer son action pour l’accompagnement de ses partenaires, la SIDI a créé la Fondation ACTES sous égide de la Fondation Terre Solidaire. Focus avec ce nouveau webinaire Les Témoins en Actes sur l’accompagnement, pilier de la mission d’investisseur solidaire.[/chapeau]

Afin de découvrir tout le travail d’accompagnement sur mesure effectué par la Fondation ACTES auprès des partenaires de la SIDI, nous vous convions à un nouveau rendez-vous des Témoins en ACTES le jeudi 31 mars de 17h à 18h30.

Cette fois-ci nous accueillons Abdou-Rasmané OUEDRAOGO, directeur général de l’Union des Baoré Tradition d’Epargne et de Crédit (UBTEC).

L’UBTEC est une institution de microfinance qui œuvre essentiellement en milieu rural dans la région du Nord du Burkina Faso, en zone sahélienne, tout en maintenant un fort ancrage paysan par le fait de sa création émanant de la principale fédération paysanne du Burkina.

Son directeur général nous livrera son témoignage, en dialogue avec le chargé de partenariat de la SIDI, sur la relation tissée avec la SIDI en vue de l’accompagnement des paysans à la Transition Ecologique et Sociale. L’appui de la Fondation ACTES a permis de financer et d’accompagner les pratiques agro-écologiques des membres de l’UBTEC.

1h30 d’échanges pour mieux comprendre l’articulation entre les métiers d’investissement et d’accompagnement mis en œuvre par la SIDI, ainsi que les enjeux auxquels elle est confrontée pour consolider sa mission d’accompagnement auprès des partenaires.

Pour vous inscrire au webinaire c’est par ici

La première édition du webinaire Les Témoins en Actes avait accueilli Assata DOUMBIA, productrice et présidente de la coopérative ECAM en Côte d’Ivoire. Vous pouvez retrouver son témoignage et revoir ce webinaire :

[CP] 5 millions d’euros accordés par la BEI au fonds FEFISOL II

[CP] La Banque européenne d’investissement accorde un soutien de 5 millions d’euros à FEFISOL II pour le financement du secteur agricole en Afrique

 

Forts du succès de FEFISOL, le premier fonds à impact dédié au monde rural en Afrique qui s’est clôturé en 2021, ses deux fondateurs, la SIDI et Alterfin, ont travaillé activement à la création d’un nouveau fonds : FEFISOL II, créé fin 2021.

Aujourd’hui la BEI annonce son entrée au capital de FEFISOL II pour un montant de 5 millions d’euros ! Cet engagement renouvelé va permettre au Fonds de poursuivre et approfondir sa mission sociale.

FEFISOL 1 a en effet eu une portée considérable pendant la décennie écoulée :

– 86M d’euros décaissés, dont 93% en Afrique subsaharienne ;

– 75% de l’encours moyen en monnaie locale ;

– 92 clients financés dans 25 pays ;

– 139 projets d’accompagnement technique menés auprès de 51 clients.

FEFISOL II vient prolonger le soutien pionnier apporté par FEFISOL I à la microfinance rurale et au secteur agricole. L’enjeu posé par le manque de financement des zones rurales en Afrique et des agriculteurs en particulier reste en effet crucial.

Rappelons qu’en Afrique, moins de 5 % des prêts décaissés par les institutions financières classiques sont destinés au secteur agricole et moins de 10 % des agriculteurs ont accès au crédit. Et ce alors même qu’environ 48% de la population dépend de l’agriculture. Bien qu’il apporte une contribution majeure à de nombreuses économies africaines, le secteur agricole est toujours mal desservi financièrement car bien souvent perçu comme trop risqué ou pas assez rentable.

Les communautés rurales font face à des défis multiples : l’éloignement des financements, mais aussi les risques croissants induits par le changement climatique, également l’inclusion financière des femmes qui représentent 60% de la main d’œuvre agricole en Afrique sans pouvoir le plus souvent bénéficier des mêmes droits que les hommes.

FEFISOL II est structuré pour soutenir financièrement et techniquement des solutions conçues localement pour répondre à ces enjeux. FEFISOL II sera mis en œuvre dans plus de 25 pays d’Afrique subsaharienne et devrait soutenir 130 institutions de microfinance ou sociétés et coopératives agricoles s’approvisionnant auprès de petits exploitants et certifiées équitables ou biologiques.

D’autres investisseurs rejoignent FEFISOL II pour un tour de table qui se terminera fin mars : les premiers investissements seront effectifs dès le mois de mai !

 

 

Focus sur l’accompagnement technique aux acteurs ruraux africains

Créé en 2011 par la SIDI et ses partenaires, le fonds Fefisol propose, en complément de son appui financier, une facilité d’accompagnement technique (AT) aux acteurs ruraux africains. Après avoir conduit près de 140 projets d’AT sur le continent, la SIDI et Alterfin doivent lancer un second fonds en 2022, avec l’ambition d’approfondir toujours plus son approche sociale et environnementale des entreprises financées.

Financement et AT, terreau fertile pour la croissance des entités agricoles en Afrique

Par Gabrielle Orliange, Responsable de la performance sociale et environnementale SIDI/Fefisol (publié in Secteur privé & développement #36, La revue de Proparco, 4e trimestre 2021)

En Afrique, la microfinance et le secteur rural intéressent peu le système bancaire classique. Un accompagnement technique (AT) des entités agricoles, combiné à une offre financière adaptée jouent pourtant un rôle essentiel dans le développement durable du continent. C’est pourquoi le fonds Fefisol (Fonds européen de financement solidaire pour l’AFrique), en complément de son appui financier, propose une facilité d’accompagnement technique aux acteurs ruraux. Dans ce cadre, il met au service de ses clients des prestataires spécialisés qui les aident à renforcer leur viabilité et à améliorer leur productivité, tout en veillant à préserver les conditions d’existence des petits producteurs agricoles.

Depuis sa création il y a tout juste dix ans, Fefisol a ainsi financé 139 projets d’accompagnement auprès de 51 clients dans 22 pays africains. Plus de deux tiers des bénéficiaires sont des petites institutions de microfinance (IMF) en consolidation[1] ou des entités agricoles. Un quart des projets d’accompagnement technique soutenus par le fonds sont liés aux thématiques financières, notamment au suivi comptable et au renforcement du contrôle interne.

Le programme d’accompagnement technique renforce l’impact de l’appui financier. Au niveau du bénéficiaire, les deux leviers d’action se révèlent complémentaires : les prêts de Fefisol permettent aux entreprises d’accroître leur activité, tandis que l’expertise technique les aide à sécuriser cette croissance en améliorant leur efficacité. Au niveau du pilotage du fonds, l’accompagnement technique permet en retour aux chargés d’investissement d’améliorer leur compréhension du fonctionnement des entreprises bénéficiaires, ce qui garantit une meilleure efficience opérationnelle.

L’offre d’AT que propose Fefisol se distingue surtout en apportant une réponse sur mesure aux besoins du client. Celui-ci est largement impliqué dans l’ensemble du processus, y compris dans la sélection du prestataire. Cette bonne appropriation est également renforcée par la contribution financière directe que chaque client doit apporter au projet[2].

IMPLIQUER LE CLIENT DANS TOUTES LES PHASES DU PROCESSUS

Au cours de la décennie, les besoins des clients de Fefisol ont largement évolué. Depuis près de deux ans, en raison de la crise économique liée à la pandémie de Covid-19, les demandes adressées au fonds ont principalement porté sur la couverture d’équipements non prévue dans leur budget annuel. Les IMF ont pour leur part demandé à être accompagnées sur la gestion de la liquidité dans un contexte de crise. Fefisol a répondu à ce besoin en organisant, avec des partenaires, une formation en ligne sur cette thématique.

L’évaluation indépendante de la facilité menée en 2019 permet de dresser le bilan de l’impact de l’accompagnement technique au niveau des bénéficiaires. Beaucoup de missions d’AT répondent à des opportunités et besoins de changements fondamentaux au sein des institutions bénéficiaires. Dans de nombreux cas, les projets d’AT ont permis de démarrer un processus de transformation en profondeur. En offrant la possibilité aux clients de tester plus rapidement et facilement des innovations, ils contribuent à accélérer la mise en place de solutions optimales.

Plusieurs leçons peuvent être tirées de ces dix années d’activité. La principale demeure la nécessité de l’appropriation par le client du projet d’accompagnement technique. À ce titre, son implication dans le processus est cruciale, depuis la définition de ses besoins pour une solution sur mesure jusqu’au pilotage du consultant. Il convient par ailleurs de conserver une certaine agilité tout au long de la mise en œuvre des projets d’AT pour garantir une réponse efficace.

RELEVER LE DÉFI DE L’ÉVALUATION DE L’IMPACT DES PROJETS

En aval, le défi majeur de ce type de dispositif reste celui de l’évaluation de l’impact des programmes d’AT sur les bénéficiaires. Grâce à la possibilité d’octroyer des financements successifs et à ses processus de suivi de la performance de ses clients, Fefisol dispose néanmoins d’outils performants pour caractériser et documenter cet impact dans la durée.

Pour accompagner cette montée en puissance, un fonds Fefisol 2 va être lancé en mars 2022. Placé dans la continuité de Fefisol 1, il proposera toujours des services financiers et techniques à des IMF rurales et à des entités agricoles, avec l’ambition d’approfondir son approche sociale et environnementale des projets. À ce titre, la facilité AT aura un compartiment dédié à l’amélioration des pratiques agricoles durables et au financement de l’agriculture, tout en conservant son approche « sur mesure » de façon à répondre à l’ensemble des besoins de ses clients.

[1] IMF Tier 3, dont le total des actifs est inférieur à 5 millions USD.

[2] Cette contribution obligatoire – au moins 15% de chaque mission – explique le montant moyen relativement faible des projets d’AT.

 

Focus sur l’accompagnement technique aux acteurs ruraux africains

Créé en 2011 par la SIDI et ses partenaires, le fonds Fefisol propose, en complément de son appui financier, une facilité d’accompagnement technique (AT) aux acteurs ruraux africains. Après avoir conduit près de 140 projets d’AT sur le continent, la SIDI et Alterfin doivent lancer un second fonds en 2022, avec l’ambition d’approfondir toujours plus son approche sociale et environnementale des entreprises financées.

Financement et AT, terreau fertile pour la croissance des entités agricoles en Afrique

Par Gabrielle Orliange, Responsable de la performance sociale et environnementale SIDI/Fefisol (publié in Secteur privé & développement #36, La revue de Proparco, 4e trimestre 2021)

En Afrique, la microfinance et le secteur rural intéressent peu le système bancaire classique. Un accompagnement technique (AT) des entités agricoles, combiné à une offre financière adaptée jouent pourtant un rôle essentiel dans le développement durable du continent. C’est pourquoi le fonds Fefisol (Fonds européen de financement solidaire pour l’AFrique), en complément de son appui financier, propose une facilité d’accompagnement technique aux acteurs ruraux. Dans ce cadre, il met au service de ses clients des prestataires spécialisés qui les aident à renforcer leur viabilité et à améliorer leur productivité, tout en veillant à préserver les conditions d’existence des petits producteurs agricoles.

Depuis sa création il y a tout juste dix ans, Fefisol a ainsi financé 139 projets d’accompagnement auprès de 51 clients dans 22 pays africains. Plus de deux tiers des bénéficiaires sont des petites institutions de microfinance (IMF) en consolidation[1] ou des entités agricoles. Un quart des projets d’accompagnement technique soutenus par le fonds sont liés aux thématiques financières, notamment au suivi comptable et au renforcement du contrôle interne.

Le programme d’accompagnement technique renforce l’impact de l’appui financier. Au niveau du bénéficiaire, les deux leviers d’action se révèlent complémentaires : les prêts de Fefisol permettent aux entreprises d’accroître leur activité, tandis que l’expertise technique les aide à sécuriser cette croissance en améliorant leur efficacité. Au niveau du pilotage du fonds, l’accompagnement technique permet en retour aux chargés d’investissement d’améliorer leur compréhension du fonctionnement des entreprises bénéficiaires, ce qui garantit une meilleure efficience opérationnelle.

L’offre d’AT que propose Fefisol se distingue surtout en apportant une réponse sur mesure aux besoins du client. Celui-ci est largement impliqué dans l’ensemble du processus, y compris dans la sélection du prestataire. Cette bonne appropriation est également renforcée par la contribution financière directe que chaque client doit apporter au projet[2].

IMPLIQUER LE CLIENT DANS TOUTES LES PHASES DU PROCESSUS

Au cours de la décennie, les besoins des clients de Fefisol ont largement évolué. Depuis près de deux ans, en raison de la crise économique liée à la pandémie de Covid-19, les demandes adressées au fonds ont principalement porté sur la couverture d’équipements non prévue dans leur budget annuel. Les IMF ont pour leur part demandé à être accompagnées sur la gestion de la liquidité dans un contexte de crise. Fefisol a répondu à ce besoin en organisant, avec des partenaires, une formation en ligne sur cette thématique.

L’évaluation indépendante de la facilité menée en 2019 permet de dresser le bilan de l’impact de l’accompagnement technique au niveau des bénéficiaires. Beaucoup de missions d’AT répondent à des opportunités et besoins de changements fondamentaux au sein des institutions bénéficiaires. Dans de nombreux cas, les projets d’AT ont permis de démarrer un processus de transformation en profondeur. En offrant la possibilité aux clients de tester plus rapidement et facilement des innovations, ils contribuent à accélérer la mise en place de solutions optimales.

Plusieurs leçons peuvent être tirées de ces dix années d’activité. La principale demeure la nécessité de l’appropriation par le client du projet d’accompagnement technique. À ce titre, son implication dans le processus est cruciale, depuis la définition de ses besoins pour une solution sur mesure jusqu’au pilotage du consultant. Il convient par ailleurs de conserver une certaine agilité tout au long de la mise en œuvre des projets d’AT pour garantir une réponse efficace.

RELEVER LE DÉFI DE L’ÉVALUATION DE L’IMPACT DES PROJETS

En aval, le défi majeur de ce type de dispositif reste celui de l’évaluation de l’impact des programmes d’AT sur les bénéficiaires. Grâce à la possibilité d’octroyer des financements successifs et à ses processus de suivi de la performance de ses clients, Fefisol dispose néanmoins d’outils performants pour caractériser et documenter cet impact dans la durée.

Pour accompagner cette montée en puissance, un fonds Fefisol 2 va être lancé en mars 2022. Placé dans la continuité de Fefisol 1, il proposera toujours des services financiers et techniques à des IMF rurales et à des entités agricoles, avec l’ambition d’approfondir son approche sociale et environnementale des projets. À ce titre, la facilité AT aura un compartiment dédié à l’amélioration des pratiques agricoles durables et au financement de l’agriculture, tout en conservant son approche « sur mesure » de façon à répondre à l’ensemble des besoins de ses clients.

[1] IMF Tier 3, dont le total des actifs est inférieur à 5 millions USD.

[2] Cette contribution obligatoire – au moins 15% de chaque mission – explique le montant moyen relativement faible des projets d’AT.

 

Succès de la 5ème édition de la semaine africaine de la microfinance à Kigali

Une sam 2021

[chapeau]La 5ème édition de la Semaine africaine de la microfinance a réuni à Kigali au Rwanda près de 600 professionnels de la finance inclusive représentant 55 pays. Un formidable succès ![/chapeau]

La semaine de la microfinance africaine (SAM) est la plus grande conférence sur la finance inclusive en Afrique. Organisée tous les deux ans dans un pays africain différent, elle offre des conférences, des formations et ateliers, un village des innovateurs, et bien sûr la foire aux investisseurs à laquelle l’équipe de la SIDI participe activement. Lieu de networking dédié exclusivement aux investisseurs et aux IMF africaines, la foire aux investisseurs permet ainsi à la SIDI de nouer de futurs partenariats.

La SAM représente un événement essentiel pour échanger et partager les expertises de chacun sur la finance inclusive. Le thème retenu pour cette édition était la résilience : « On ne naît pas résilient, on le devient : renforcer la finance inclusive pour mieux surmonter les crises ». C’était la première fois que la SAM se tenait au Rwanda. Ce choix a permis de mettre en lumière un pays qui témoigne à lui seul d’une formidable résilience et d’une capacité d’adaptation phénoménale.

L’équipe de la SIDI était comme chaque fois au rendez-vous. L’émotion de se retrouver en présentiel, et de voir le succès de la participation était bien palpable.

Pourquoi tant de monde ? Depuis toujours la microfinance fait l’objet de débats sur la question de son impact. Force est de constater justement que la microfinance est résiliente, qu’elle continue de fournir des réponses concrètes et qu’elle permet à toute personne, par les effets de levier générés, de définir par elle-même son propre destin.

Lors de cette 5ème édition, chacun a pu mesurer la vitalité des IMF africaines. Face à la crise sanitaire, les IMF sont parvenues in fine à bien géré les problèmes de liquidité auxquels elles faisaient face. Cela montre le travail considérable effectué depuis 20 ans par les IMF, les rendant aujourd’hui déjà résilientes. Les crises actuelles, que ce soit la crise sanitaire liée au Covid19, la crise économique qui en a découlé, l’enjeu de l’accès à l’emploi pour les jeunes, ou encore l’enjeu crucial que représente l’adaptation au changement climatique, doivent aussi être l’opportunité de modifier les pratiques, d’innover, de faire avancer les solutions qui permettent cette adaptation. Côté investisseurs, les crises peuvent avoir se rôle bénéfique de nous pousser à se rapprocher davantage et s’engager ensemble.

La SIDI continue de poursuivre son sillon, en plaçant la solidarité au cœur de l’économie et de la finance. Investir dans les petites IMF, établir des partenariats de longue durée, partager vision et risque des partenaires, pour que ces partenariats servent la consolidation des structures. Accompagner le réseau MAIN pour soutenir son programme de renforcement des capacités de ses membres – plus de 125 IMF africaines ! Défendre l’importance de l’assistance technique et l’accompagnement en réponse aux besoins exprimés par les partenaires pour servir une économie inclusive dans une démarche de transition écologique et sociale.


Quelques images de l’événement :

(c)GODONG // (c)SIDI