Philippe Adaime

Co-fondateur, ceo du groupe FTL-FTTL
Philippe Adaime, Co-fondateur et PDG du groupe FTL-FTTL

Une des choses que j’ai apprises, puis expérimentées, tout au long de notre long partenariat avec la SIDI, qui dure depuis 2008, est qu’il n’y a pas une SIDI, mais autant de SIDI que de collaborateurs ou chargés de missions SIDI. Chacun, chacune a son style, son tempérament, son approche, si bien qu’on ne peut parler de « culture SIDI », mais un point unit tout le monde : l’engagement solidaire !

Ainsi, en 2008, Silvia, notre porte d’entrée à la SIDI, s’est battue pour nous obtenir un prêt de 200 000 € à l’époque où aucune banque libanaise ne prêtait à une ONG qui n’avait que 2 ans d’existence ! non seulement elle nous l’a obtenu, mais nous l’avons vue avec nous, dans les stands de salons à Lille se battre pour nous aider à faire rentrer nos produits équitables dans les boutiques de la fédération des artisans du monde, et chez Etiquable !

Plus tard, en 2011, une figure historique pour FTL prend la relève, avec Bernard, « vieux routier » du commerce équitable qui va pousser avec FTL pour que la SIDI rentre dans le capital de la nouvelle société, FTTL, fondée en juillet 2011. Avec Bernard nous avons connu des hauts et des bas, (dernièrement beaucoup plus de bas d’ailleurs) mais il a toujours été au rendez-vous avec un soutien indéfectible à la cause des petits producteurs libanais. Cela a été possible grâce à un directeur, Christian, qui a voulu prendre le risque avec nous et a cru à cette mission au Liban.

Puis Catherine, qui a tellement aimé le Liban – et qui a été profondément marquée par l’histoire de FTTL et FTL, par l’engagement des fondateurs pour les agriculteurs et le monde rural– qu’elle a décidé d’en faire un projet de vie, personnel et familial en ramenant sa famille au Liban pour une année… Sauf que c’était en 2019 au départ de la crise et des grosses manifs, qui ont eu raison de son projet. Elle n’a cependant jamais baissé les bras et s’est battue pour que la SIDI convertisse son prêt en participation au capital, puis a réussi le montage d’un projet de soutien à FTL et FTTL avec l’AFD.

Last but not least, comment ne pas citer Julie et Dominique ? au moment où le Liban s’effondrait, où la Société Générale lâchait sa filiale Liban, où toutes les banques se sont écroulées ainsi que la banque centrale et l’état libanais annonçait sa faillite, la SIDI est restée debout, présente dans ses moments terribles, auprès de ses partenaires libanais, en particulier FTL. Lors d’un déjeuner mémorable pour FTL, avec Dominique et Julie, je leur ai dit : nous ne voulons pas mourir ! nous ne voulons pas d’une radiation, ni d’une liquidation, nous voulons nous battre ! Ils ont répondu présents. Ils ont tenu. Et soutenu FTTL.

Voilà pour moi ce qu’est la SIDI. Un partenaire historique, le 2ème associé de FTTL et surtout, des femmes et des hommes de conviction, de valeurs, et d’engagement.

Aujourd’hui, FTTL commence à s’en sortir. Cela fait 2 ans que les comptes sont à l’équilibre malgré une crise sans précédent au Liban, et qui dure toujours. Et le groupe FTL se renforce, et envisage de larges projets de développement agricole en 2024. Cela, grâce à chacun et chacune des personnes qui nous ont accompagnés, mais également grâce aux investisseurs solidaires, qui acceptent de faire des placements dans la durée et qui changent la vie de centaines de personnes.

Pour moi, c’est cela le développement, et c’est cela la finance solidaire : C’est de trouver des prêteurs là où personne ne vous prête ; des gens qui vous accompagnent et vous aident à grandir et à renforcer la gouvernance, et l’impact local.

Un grand merci à la SIDI. Ne changez surtout pas !