Témoignage à l’assemblée générale de la SIDI : résilience et impact social de la Financiera FDL

présentation Julio Flores AG SIDI

A l'occasion de son Assemblée générale, la SIDI a invité Julio Flores, directeur général de la Financiera FDL.

Cette année, l’assemblée générale fut l’occasion pour la SIDI d’inviter l’un de ses partenaires à témoigner. Julio Flores, directeur général de la Financiera FDL, est venu présenter l’activité de cette institution de microfinance (IMF) qui œuvre au Nicaragua, 2ème pays le plus pauvre d’Amérique centrale.

Les échanges fructueux entre Julio Flores et les actionnaires de la SIDI se sont également poursuivis le lendemain matin, lors d’une session questions – réponses. Ce temps a permis d’entrer plus en détails dans l’activité de FFDL et de sa formidable capacité de résilience face aux crises.

L’ONG Fondo de Desarrollo Local (FDL), est créée en 1993 par les Jésuites, à la suite de la guerre civile. L’objectif de FDL est d’améliorer les conditions de vie des Nicaraguayens les plus vulnérables en leur fournissant des prêts, des formations et des services d’accompagnement pour les aider à développer leur activité et alors que les banques ne s’intéressent pas à ce public. Financiera FDL est devenue la première IMF du pays et une des plus importantes d’Amérique centrale. L’institution cible principalement les personnes à faible revenu, les agriculteurs, éleveurs et micro-entrepreneurs en milieu périurbain. Grâce à 38 agences, la Financiera dispose d’un maillage territorial important, lui permettant de réaliser 70% de ses crédits en zone rurale, auprès de populations ayant peu d’accès aux crédits.

 

La Financiera FDL et sa résilience face aux crises.

L’essor de FDL a été ralenti une première fois par la crise de 2008 à 2011. En plus de la crise économique mondiale, un mouvement politique anti IMF « Movimiento del no pago » (mouvement de non-paiement), s’est développé. Il a conduit à la baisse du nombre de clients et des défauts de paiements dans le secteur de la microfinance. FDL, malgré une baisse du portefeuille et des clients d’environ 50%, a réussi à se restructurer, avant de créer, en parallèle de l’ONG, la société financière Financiera FDL (FFDL) en 2016. Pour structurer cette société financière, FDL a choisi « des partenaires internationaux partageant sa vision ». C’est ainsi que la SIDI est entrée au capital comme actionnaire minoritaire.

Une seconde crise a touché le pays de 2018 à 2021. Le conflit politico social (répression meurtrière par le régime autoritaire) et l’instabilité économique ont provoqué une contraction du PIB pendant trois ans. Des migrations massives (10% de la population a fui le pays) ont été causées par la persécution contre la société civile, dont l’Église. Le nombre de clients de FFDL a chuté. Cette récession et la baisse de l’activité ont été aggravées par la crise Covid. Plusieurs IMF ont fait faillite, tandis que le portefeuille de FFDL a de nouveau diminué de 50% (plus de 6 millions de dollars de pertes en 2018 et 2019)

Pour s’en sortir, FFDL a surmonté plusieurs enjeux : le renouvellement de sa clientèle, la consolidation de son portefeuille et la constitution de réserves. Pour l’appuyer, la SIDI a participé à la recapitalisation de FFDL et fait un prêt subordonné à 5 ans (encours total de plus de 1,7 M€ en 2023). Cette seconde prise de participation porte à 4,4% la part de la SIDI dans le capital de FFDL. Fort du soutien de ses actionnaires internationaux, FFDL a pu négocier avec les bailleurs de fonds qu’ils maintiennent les lignes de crédit.

FFDL a réalisé un redressement spectaculaire. Le portefeuille est en croissance depuis la fin de la crise, avec une prévision de +12% en 2024, ce qui va permettre de recouvrir les 6 millions de dollars de pertes enregistrées ces dernières années. Tout ceci a été rendu possible grâce également au sérieux de la gestion et au savoir-faire de la direction de l’entreprise.

 

FFDL une IMF à fort impact social et environnemental.

Le Nicaragua est un des pays les plus exposés au changement climatique. L’économie repose en partie sur l’élevage bovin (54% des terres agricoles) et le taux de déforestation est le second plus élevé d’Amérique centrale. Ces activités sont fortement polluantes et destructrices, alors que de graves sécheresses réduisent les rendements agricoles de 20 à 40%.

L’IMF a développé depuis des années une offre d’accompagnement très complète à la transition agroécologique, à destination des producteurs et éleveurs. L’accompagnement des producteurs aux pratiques agroécologiques porte sur des thèmes comme la gestion de l’eau ou l’arboriculture combinée à l’élevage. Cette assistance technique est prise en charge partiellement ou intégralement par FFDL selon le niveau de vie des clients.

Afin d’améliorer les revenus des producteurs et de réduire la pauvreté, FFDL soutient la transformation des produits, tels que le conditionnement du café pour l’exportation. Cette transformation de la matière première sur place par les producteurs permet de créer de la valeur ajoutée, de diminuer le nombre d’intermédiaires et ainsi, de vendre leur production à un prix supérieur, garantissant ainsi de meilleurs revenus aux producteurs locaux.

FFDL cherche à maximiser son impact et les résultats sont là. Selon une enquête indépendante en partie financée par la SIDI, en 2023, plus de 60% des clients de FFDL déclarent ressentir une amélioration de leur niveau de vie. La structure adapte ses prêts en montant et en durée selon les besoins des clients. Elle octroie des prêts de 14 mois en moyenne (pour les commerçants et les entreprises) jusqu’à 36 mois pour les activités agricoles. Cela a valu à FFDL d’être récompensée par le Microfinance Index en 2023. (voir l’article sur ce sujet).

FFDL fait preuve d’une résilience impressionnante, tout en maintenant une forte dimension sociale et environnementale, avec une priorité sur l’inclusion financière en zone rurale et la protection de l’environnement.

Pour Julio Flores, « bien que la SIDI soit un actionnaire minoritaire, elle est très présente dans les moments importants de FFDL. La participation active de la SIDI à la gouvernance de FFDL avec l’implication d’un consultant bénévole (au sein de son Conseil d’Administration) est déterminante ».

Voyage en Equateur pour les actionnaires de la SIDI

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Actionnaires individuels de la SIDI, ils sont partis en Equateur début septembre à la rencontre de deux partenaires locaux et de leurs bénéficiaires. Un voyage organisé par la SIDI pour leur permettre de découvrir le travail extraordinaire réalisé localement et pour se rendre compte sur le terrain de ce que leur engagement comme actionnaires solidaires permet très concrètement.

Voici le témoignage de l’une d’entre elles avec Alicia, agricultrice et cliente de Banco Codesarrollo, la banque équatorienne de l’économie sociale et populaire dont la Sidi est actionnaire depuis 2016.

Rencontre en Equateur – par Nathalie Verhulst, actionnaire SIDI

Expérience d’un développement solidaire et écologique

En Équateur comme ailleurs, les enjeux sociaux et climatiques sont liés. L’expérience d’Alicia, agricultrice dans la sierra au nord du pays, nous montre comment la solidarité et la volonté de développer un système économique soutenable peuvent porter des fruits à l’échelle d’un territoire.

Alicia est cheffe de l’exploitation « Rayon de soleil », une ferme de type « SIPAS » : Système familial Intégré de Production Agricole Soutenable, c’est-à-dire une ferme d’un hectare, auto-suffisante, qui prend en compte les problématiques de changement climatique par l’utilisation raisonnée des ressources et par des plantations qui préviennent les ruissellements et maintiennent l’humidité. Elle est présidente de sa communauté villageoise « San Petro alto ». Chaque ferme de la communauté, au-delà de son autosuffisance, commercialise des produits transformés différents – galettes, fromage, cochon d’inde rôtis… – pour éviter la concurrence entre fermes.

Leader de l’agro-écologie

Alicia et son mari ont pu transformer leur ferme en « SIPAS » grâce au micro-crédit fourni par Banco Codesarrollo et à l’appui technique du groupe social FEPP (Fonds Equatorien Popularum Progressio).

L’enjeu écologique des « SIPAS » est très important dans la province d’Imbabura où vit Alicia, région très fertile du nord de l’Équateur où la culture intensive de la pomme de terre entraine érosion et pollution.

La communauté villageoise a ainsi pris conscience du rôle de la forêt primaire, a arrêté le défrichage. Elle a même commencé à reboiser, ce qui permet de limiter les méfaits du vent sur les exploitations.

Funder, fondation éducative de la FEPP, forme les villageois au modèle «SIPAS ». Outre le reboisement, Alicia et sa famille ont commencé à utiliser le biogaz issu du retraitement des déchets de la ferme à la place du bois pour le chauffage et la cuisine. Les déchets sont également utilisés pour le compost et l’alimentation des animaux. La gestion de l’eau – réservoirs, arrosage par goutte-à-goutte – garantie l’usage raisonné de l’eau de source et de l’eau de pluie.

Village solidaire

Au-delà de la non concurrence, chaque ferme cotise pour un fond commun qui permet de faire face aux difficultés individuelles – maladie, sinistre…- au sein de la communauté.

La ferme « Rayon de soleil » est un lieu de formation pour les autres exploitants agricoles du village qui viennent découvrir les nouvelles techniques permettant l’autosuffisance et la production soutenable.

Banco Codesarrollo et Funder sont deux outils de la FEPP dont la devise est « Mieux s’aimer, être heureux et vivre en paix ». Alicia l’illustre avec un grand sourire quand on lui demande ce que son projet a changé pour elle : « Cela a tout changé. Nous nous en sortons bien économiquement. Nous montrons la voie à nos voisins et amis. Par exemple, nous avons tous de la passiflore, mais seule la nôtre donnait du fruit. Les voisins ont pu copier notre technique ».

Solidarité avec le Liban

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[chapeau]Face à l’explosion sans précédent qui a touché le port de Beyrouth et ses habitants le 4 août dernier, le Président de l’association FTL, partenaire de longue date de la SIDI, appelle à la solidarité pour pouvoir venir en aide aux sinistrés.[/chapeau]

La SIDI est partenaire depuis de nombreuses années avec l’association FTL (Fair Trade Lebanon) qui cherche à  favoriser le développement économique et social des zones rurales libanaises, notamment par l’appui de petites coopératives et d’exploitations agricoles familiales. La SIDI a joué un rôle déterminant dans la création de sa filiale de commercialisation FTTL (Fair Trade Lebanon Tourism Limited) dont elle est actionnaire fondatrice et mène un accompagnement technique important pour le maintien de son activité.

L’explosion dévastatrice qui est survenue le 4 août dernier dans le port de Beyrouth au Liban a causé la mort d’une centaine de personnes et détruit les logements de centaines de milliers de familles qui se retrouvent désormais sans-abri. Le Président de l’association FTL, Philippe ADAIME, témoigne de la gravité de la situation qu’il qualifie de « jamais vue » dans un pays déjà fortement gangréné par la corruption et éprouvé par la crise politique et économique depuis 2019. L’association appelle à la solidarité pour lui permettre d’aider les plus touchés par l’explosion et prévoit, en lien avec les coopératives agricoles du pays, de répondre rapidement à la catastrophe en finançant la production de paniers alimentaires à destination des sinistrés.

Découvrez le témoignage de Philippe Adaime en cliquant ici